Voici le compte-rendu de ce voyage inusité, mais surtout unique.
Vendredi le 23 avril 2012
Vendredi matin, je pars aller chercher le camion chez UHall pour 10 hre am. Je suis nerveux, j’ai les jetons.
Cela fait déjà des semaines que nous faisons des boîtes.
Nous sentons l’électricité dans l’air, même les filles se rendent compte qu’il y a quelque chose qui se passe, quelque chose d’inhabituel.
Anne-Sophie répète sans cesse, on part pour la Californie, elle ne se doute pas que ce sera un long et difficile voyage ou périple et que par moments, ce ne sera pas une partie de plaisir.
Jake et Lisa, de très bons amis, qui nous manquerons, viendront nous aider en après-midi.
Au bureau de UHall, c’est une affaire vivement réglée et je reviens assez rapidement avec le camion à la maison, un 17 pieds de long, Tout notre ménage y entrera, sans problème, nous l’espérons. De plus, j’irai chercher la remorque pour y mettre la coccinelle demain matin.
Je suis content, et surtout excité. J’ai un diable (truck dolly) et en un rien de temps, le camion se remplit. Et avec l’aide de Jake, arrivé tôt en fin d’avant-midi, c’est vite fait.
Christine et Lisa s’attaquent à la cuisine, vider les armoires, le reste est déjà dans le camion, à part le matelas du sofa sur lequel nous dormirons notre dernière nuit, tout est placé et surtout, sécurisé.
C’est un travail minutieux, remplir un camion de déménagement, il faut s’assurer que tout soit sécurisé et stable, je ne veux surtout pas arriver à Berkeley avec une grosse surprise à l’intérieur de la boîte du camion.
La pizza est bonne, mais je n’ai pas faim, je suis tendu, j’ai hâte de foutre le camp.
Notre temps est fait au Texas et nous quittons juste avant l’arrivée de la torride saison.
L’émotion est à son comble, quand Christine et Lisa font leurs adieux.
Mais il y a un bon coté à cette douloureuse séparation, les parents de Lisa habitent San Francisco et ils (Jake, Lisa et Allison) viennent les visiter 2 fois l’an, on les reverra sous peu.
Je ne compte plus les boîtes dans le camion, c’est plein.
Juste assez d’espace au final pour les vélos, la remorque à vélo et la grosse poussette.
Et dire que j’ai hésité entre un camion de 14 pieds de boîte et un 17 pieds.
Samedi le 24
Une nuit mouvementée, un sommeil peu réparateur, trop de tension, de stress.
Mais le pire reste à faire, il faut vider le frigo. Juste l’ouvrir, le coeur nous lève.
On offre tout ce qu’il contient aux voisins, ça facilite et simplifie les choses.
Je pars chercher la remorque pour y mettre la coccinelle.
Le camion et la remorque, c’est au moins 50 pieds de long, j’ai jamais conduit un tel convoi, mais bon, il y a toujours des premières.
Juste le temps de nettoyer les planchers, de mettre dans le camion les dernières boîtes, d’en mettre également dans la coccinelle, d’en mettre partout et on part.
Nous voulions partir de bonne heure, il est midi quand nous sommes prêts à décoller.
Une heure plus tard, nous passons devant le Rancho Relaxo, c’est un adieu silencieux.
Puis, le dernier gros village, Fredericksburg, ses vignobles et ses touristes, avant les grandes plaines du Texas.
Traverser cet État d’est en ouest, c’est 2 grosses journées du fait que le camion ne va pas très rapidement et ça se comprend, il est plein et traîne la coccinelle.
Nous roulons à 55 milles à l’heure, ce n’est pas une course.
Nous quittons la 290 pour l’autoroute 10, allez, toujours plus vers l’ouest.
Nous coucherons à Sonora, dans un Rest Area.
Nous sommes passablement fatigués, ce ne fût pas une partie de plaisir les derniers jours, mais bon, nous sommes partis et rien n’arrêtera notre élan.
Dimanche le 25
Levée des corps de bonne heure, nous voudrions reprendre le temps perdu la veille.
Mais j’insiste, ce n’est pas une course, sécurité d’abord. Nous arrêtons déjeuner/dîner dans un endroit plutôt lugubre à Fort Stockton, c’est loin d’être gai cette place, les sourires de la serveuse laissent à désirer. Encore une fois, je suis incapable d’ingurgiter quoi que ce soit, moi qui normalement, ne se laisse pas trop prier pour manger, il n’y a rien qui veut entrer, au moins, je bois beaucoup d’eau, je veux éviter la désydratation.
On repart, allez vers l’ouest. On a à peine franchi quelques milles que voilà
notre premier gros pépin, le camion a une crevaison, sur un pneu arrière. En fait de crevaison, on parle plutôt d’une explosion, une vraie de vraie , un boum magistral.
Je communique avec Christine à l’aide des Walkie Talkie, qui nous serons très précieux tout le long de notre voyage encore une fois.
Nous nous arrêtons sous un viaduc, à l’ombre, pour constater le dégât.
Ma douce, qui parle nettement mieux l’anglais que moi, appelle la compagnie.
Après les questions d’usage, on nous envoie le Mobile Mechanic.
C’est vitement réparé et l’attente, moins de 2 heures, merci Micky.
C’aurait pu être pire, genre dans le milieu de nowhere du Texas.
Et on repart, direction El Paso qu’on veut passer coûte que coûte avant demain matin.
On franchit la Sierra Diablo et la chaîne de montagnes Finlay pour finalement rejoindre et longer le Rio Grande.
El Paso, c’est le coté américain sur la frontière avec Ciudad Juarez au Mexique, la ville la plus violente de l’Amérique du Nord, tristement célèbre.
On s’arrête juste passé El Paso, au Nouveau Mexique, dans le plus beau des Rest Area possible. Il est désert, tranquille, nous y dormons du sommeil du juste, une bonne nuit.
En passant, Christine dort en haut avec Anne-Sophie et je dors en bas avec Roseline.
Lundi le 26
Le Nouveau Mexique, pas grand chose à dire, plutôt plat et venteux.
Au départ, les fermes d’engraissement de boeufs, disons que l’odeur donne à réfléchir sur les bontés de la viande rouge. Et des centaines de milliers de bêtes entassés dans des parcs pour en fare des steaks et des boulettes.
À part Las Cruces, petite ville à la croisée des autoroutes 10 et 25, y’a pas de grandes agglomérations dans le sud du Nouveau Mexique.
Las Crucer est jolie, ceinturée de montagnes, très joli spectacle.
On traverse le Rio Grande, à sec, pas le moindre petit filet d’eau. Ses eaux servent à l’irrigation.
Je pose la question suivante, les Américains l’appellent Rio Grande et les Mexicains Rio Bravo des Norte. Existe-il un autre exemple similaire en ce monde?
On roule vers l’ouest, encore pas mal de route à faire.
On casse la croûte dans un petit bled perdu au milieu de nulle part, Lordsburg.
Qu’est qui peut bien amener les gens à venir s’installer ou plutôt s’isoler comme ça?
Puis, l’Arizona, toujours aussi désertique mais diablement plus beau.
Les formations rocheuses se suivent, c’est à couper le souffle.
Puis, Tucson, comme toute grande ville, pas grand chose à dire.
On roule, toujours plus vers l’ouest, on cherche le prochain Rest Area qui ne se pointe pas et le niveau d’essence diminue.
Il y a encore des parcs d’engraisement de bétail, il fait noir, on ne les voie pas, on les sent, ça pue, ça donne le goût de devenir végétarien
Finalement, à bout d’énergie et avant de tomber en panne d’essence, on tente notre chance à une station d’essence perdue et comble de bonheur, ça fonctionne, juste besoin d’une carte bancaire. Merveilleuse technologie du plastique.
On se stationne avec les poids lourds et vivement le sommeil.
Mardi le 27
Très beau réveil, au milieu des cactus géants, une belle surprise, les Organ Pipes Cactus, majestueux, de toute beauté, grandiose nature.
On franchit la Citrus Valley et la Hyder Valley, hauts plateaux désertiques transformés en pâturages et cultures.
Encore 3 jours et nous serons à Berkeley, mais avant, un petit détour par San Diego pour allez voir Steven et tante Nini.
De l’Arizona et Yuma, dernière ville sur la frontière, nous passons en Californie.
Première constatation, partout, l’irrigation pour rendre les déserts fertiles.
Les plateaux désertiques sont transformés en cultures de toutes sortes.
On passe le Imperial Sand Dunes, merveilleux, fantastique.
Puis on longe la pointe sud d’Anza Borrego, on s’y reconnait, nous y étions venus avec Ge, Ge et Émile, Christiane et Stefan ( qui avait un fellowship à San Diego).
Il faut ensuite traversé les montagnes San Bernandino avant le zoo de San Diego.
Steven habite au nord de San Diego, à La Jolla à deux enjambées de la plage.
Nous faisons une surprise à Eugénie avec les filles sur la plage.
Nous n’aurons que quelques heures avec nos hôtes, mais tout de même.
Christine et Anne-Sophie dorment dans l’appartement minuscule, moi j’accompagne Roseline dans le Westfalia.
C’est drôle de voir dormir Roseline, les fesses en l’air.
Mercredi le 28
Je me réveille avec Roseline qui jacasse sans arrêt.
Nous allons rejoindre les autres dans l’appart de Steven.
Christine et Anne-Sophie sont réveillées, pas nos hôtes.
Les filles ont tôt fait de leur ouvrir les yeux.
Des crêpes pour déjeuner et allez hop, nouveau départ, mais cette fois, vers le nord, vers Berkeley, notre destinations finale.
Mais avant, il faut passer à travers Los Angeles.
Comment la définir: tentaculaire, gargantuesque, monstrueuse, gigantesque, obèse.
Avec ses banlieux, cela fait plus de 100 kms à traverser.
Nous avons juste le temps de souffler une fois LA passée que revoilà les montagnes de San Bernandino, elles sont encore plus belles mais c’est tout un effort tant pour le camion que pour le Wess.
Et la descente pour en sortir, à couper le souffle pour finalement déboucher sur la vallée de la San Joaquin.
Tout y pousse, à perte de vue, la terre est belle, on y fait les semis, fin mars.
De la vigne partout, des arbres fruitiers, mais aussi des céréales.
Nouvelle embûche, nous nous rendons compte, après un arrêt pour les pleins d’essence, que le Wess a une fuite…d’essence. Rien de bien compliqué, mais quand tu n’as pas d’outils, ni le petit bout de caoutchou pour réparer.
Le Mobile Mechanic a tôt fait de faire la réparation et de me libérer d’une belle liasse de billets tout beaux. Ça revient cher le centimètre de tuyau. Mais bon, pas de chance à prendre.
Nous passerons notre dernière nuit dans le Wess dans le dernier Rest Area avant notre arrivée, demain matin de bonne heure.
Jeudi le 29
Tout la famille est excitée, encore quelques heures et nous y serons.
Allez, un effort tout le monde, une dernière descente folle, puis Oakland, San Francisco de l’autre coté de la baie, Berkeley et Albany, où nous demeurons.
Il faut quand même aller chez le dépositaire UHall le plus proche pour y laisser la remorque et la coccinelle.
Je viendrai la chercher demain dans la journée, si le plan pour vider le camion tiens le coup car nous sommes très fatigués, au bord de péter notre coche.
Le complexe de plus de 900 unités est joli. Il y demeure plus de 700 enfants de 60 nationalités différentes.
Notre appartement est sur deux étages, le 2ième et le 3ième.
Le diable ne me sera d’aucune utilité, tout se fera à bras d’homme, c’est à dire mes deux bons bras, en espérant que mon dos et mes genoux tiennent le coup.
À 6pm, tout le monde est exténué, la semaine a été exigeante, demandante, les filles ont été poussées à leurs limites plus souvent qu’autrement.
Nous finirons de vider le camion demain, de toute façon, je suis vidé, j’ai les épaules en feu et le dos qui chante.
Nous y sommes,
La maison, nous avons réussi un semblant de petit exploit.
Après tout ce stress, il fait bon soufller un peu, regarder par les fenêtres les alentours
Tout le monde se couche dans le salon.
Vendredi le 30
Une autre grosse journée s’annonce.
Il faut finir de vider le camion
J’ai encore pas mal de boîtes à monter.
17 marches pour la cuisine et le salon, 32 pour les chambres.
Je ne compte plus les allers/retours, c’est un très bon exercice.
On essaie de ne pas trop emcombrer l’appart, peine perdue.
À 3 hre pm, le travail est fait, le camion est vide.
Un bon coup de balai et je le retourne au concessionaire.
Comme ce n’est pas fini tant que ce ne soit fini, on m’annonce que j’ai fait trop de kilomètres et que je suis en retard de 5 jours, je dois $1500.
Je sais que c’est une erreur et on finit par la trouver.
Je n’ai pas eu le bon camion au départ, tout rentre dans l’ordre.
Une dernière signature et allez, de retour avec ma famille en coccinelle pour le grand déballage.
On s’attaque aux meubles à monter, étagères, sofa, lit.
Ce soir, nous coucherons sur notre matelas, nous sommes à la maison.
Après le souper, notre premier vrai repas en famille depuis une semaine ,une belle marche en famille pour visiter le complexe. Il fait beau et la température est très agréable.
Nous faisons un arrêt aux jardins communautaires où j’espère avoir un lot la semaine prochaine.
Retour à la maison et allez, tout le monde au lit.
Oma arrive demain en fin de matinée.
Elle sera tellement bienvenue, on pourra souffler un peu.
On sécurise les étagère, nous sommes tout près de la faille de San Andreas, il faut se méfier.
L’appartement est encore plus beau que je ne l’aurais souhaité.
Il est grand, bien éclairé, fonctionnel, je m’y plais déjà.
Je connais ma douce, elle du goût.
Samedi le 31
Bon, on a quelques heures avant l’arrivée d’Oma pour faire un peu de place.
Samedi le 31
Bon, on a quelques heures avant l’arrivée d’Oma pour faire un peu de place.
C’est encombré partout, un vrai bordel.
Pour faire quelque chose dans un coin, il faut tasser des boîtes dans l’autre coin, on n’en finit plus de bouger des boîtes.
Mais les gros meubles sont montés et placés, c’est déjà cela.
Et Roseline qui se glisse partout, je vais finir par l’écraser la coquine.
Une boîte à la fois, c’est bien suffisant, en autant qu’on trouve celle qu’on a besoin.Christine part avec Anne-Sophie en Métro (Bart) pour aller chercher Oma à l’aéroport de San Francisco.
Son arrivée couronne une grosse semaine éprouvante, demandante.
Nous avons du puiser au plus profond de nous-même, des énergies insoupsonnées.
Mais c’est fait, nous avons réussi la grande traversée et mené à bon port notre famille.
Oma se pointe, elle est radieuse et débordante d’énergie.
La vie normale va reprendre son rythme.
Nous aurons tout le temps pour visiter les alentours, revoir San Francisco.
Et comme on le chante si bien: I lost my heart in San Francisco…
Je ne savais pas que vous déménagiez... Pour longtemps?
RépondreSupprimerPatricia